Lorsque je décarre pour rejoindre ma cabane à filouterie, mon trajet passe obligatoirement par l’école Jean-Arsène Trouduc (je suis infoutu de me rappeler du blaze exact). Certaines et certains vous parleront des vapes du passé qui ressurgissent, des blouses immaculées, des cheveux bien peignés, des jolies cartes de France avec l’Alsace reconquise, de la bonne odeur des buvards et des incises de muscadin, bref de toutes ces saveurs traficotées par nos cervelets et que l’on nomme : nostalgie.
Mais ces bons souvenirs que les caves colorent de fantasmes, comptez pas trop sur mézigue pour vous les narrer. La mienne d’école, si on excepte celle de la rue, résonnait sous les torgnoles et les sévices au réglet, dans un pur climat d’injustice destructrice. Il faut dire que par la force des choses, même si aucune loi humaine ne l’autorise, les Rejetons sont souvent cloîtrés dans des établissements scolaires délabrés qui n’offrent que peu de débouchés, gérés par d’ignobles vaches que l’institution elle-même semble avoir oubliées.
Cependant, ces écoles de seconde zone ne sont rien comparées aux Maisons Bon Secours dont il me faut vous toucher deux mots.
Les Maisons Bon Secours sont des établissements gérés par la calotte internationale. Cadre de de miséricorde comme seule la Sainte Église sait proposer, ce sont de véritables taules pour Rejetons abandonnés. Les bons pères échaudés par les petits corps exotiques préfèrent les travaux pratiques à la théorie, et les bigotes suivent la pédagogie de la latte. Ici, on préfère les manuels d’inquisiteurs à ceux de monsieur Ferry. On y oublie les fortes têtes des jours durant dans des caves humides, et on force les mal fichus à manger leur propre vomi. Vous comprendrez que les Rejetons qui sortent vivants de cet enfer ont le cuir plus tanné que du veau pleine fleur et l’âme plus amère que du cirage à la merde.
Outre ces classes de torture et ces écoles républicaines, la marmaille rejetone peut faire ses humanités – ou devrait-on dire ses rejetonités – dans deux établissements clandestins.
Le premier se nomme la Scoil Rúnda. C’est ce qu’on pourrait appeler une école de la vie tenue par le Clan des Irlandais (voir p.94 du livre de règles), garante de la transmission de la culture des faeries du Royaume des Légendes. On y forme les futures arsouilles qui prêteront allégeance à Morgane-langue-de-velour. L’établissement se situe secrètement dans le Château de la Poupelière dans l’Orne et contient en son sein tout le nécessaire pour un enseignement de qualité : des classes raffinées, des salles de sport et de tir, un atelier pour perceurs de coffres-forts en herbe, un laboratoire de magie expérimentale, etc.
L’Institut Veritas a une ambition différente. Créé par la cheffe du Gang de l’Olympe (voir p.98 du livre de règles), cet établissement forme les Gilwercs dans la pure tradition de la Structure (voir p.83 du livre des règles). Mais l’enjeu va au-delà puisque Mama Veritas souhaite l’officialiser, proposant même d’accueillir des Humains en son sein. L’effort est louable, mais côté Parlement et Gouvernement ça coince du derche, même si de l’avis de toutes et de tous cet organisme forme des technocrates d’un niveau aptes à faire bouffer son bicorne et sa tangente à n’importe quel polytechnicien. L’Institut est donc pour l’heure officieusement tolérée. Ses locaux se trouvent rue Descartes à Paris, dans une résidence qui appartient à Archibalda Citrine, dite “l’Archiviste”, une Galibote qui conserve tous les pactes et toutes les alliances signées dans le Milieu depuis quasiment quarante ans.
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